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Dans une association d' "Anciens" il est évident que vu l'âge moyen des
participants, un certain nombre d'entre eux nous quittent chaque année.
Lorsque nous sommes informés du décès d’un ancien de l’ORSTOM-IRD l’information est diffusée sur la liste Web de l’association.
S’il s’agit d’un membre de l’AIDA, les témoignages sont également publiés sur la page personnelle du chercheur.
S'il s'agit d'un ancien non membre de l'AIDA,les témoignages sont publiés sur cette page
Nous envoyons également ces informations à la direction de l’IRD (communication.interne@ird.fr ) pour publication dans la rubrique « Hommages » sur l’Intranet de l’IRD (https://intranet.ird.fr/l-ird-et-moi/actualites/hommages/(offset)/50) .
Alain Bernard, hydrologue, ingénieur d'études
Alain
a fait une longue carrière à l'Orstom et tous ceux qui dans les années
1960 à 1990 sont passés par le Nord Cameroun, le Tchad, le Niger, la
Haute Volta et le Sénégal l'ont forcément connu. Alain était un
collecteur de données apportant un soin extraordinaire à observer et
mesurer sur le terrain puis à dépouiller et interpréter ces mesures et
observations. Il a constitué des bases de données dans tous les
domaines de l'hydrologie, bases qui ont été utilisées par de nombreux
chercheurs, thésards et autres utilisateurs. Sa fin de carrière en
Afrique a été consacrée à la simulation de pluie avec le
mini-simulateur "type Jean Asseline" qu'il avait construit.
Alain
souffrait depuis longtemps d'une myopathie évolutive qui faisait
décliner ses capacités physiques et qui a fini par l'emporter. Jamais
je ne l'ai entendu se plaindre de son état pendant les quarante ans où
je l'ai conn
Pour se rappeler d'Alain vous pouvez cliquer sur https://multimedia.ird.fr/IRD/media/71736
Jean-Claude Le Guen
Erwan Josse <erwan.josse52@free.fr> nous informe :
Jean
Claude Le Guen est décédé lundi dernier 15 novembre 2021 en début de
nuit. Il était fatigué depuis quelques temps, mais rien ne
laissait présager à une évolution aussi rapide lundi soir. Jean Claude
a été en affectation au Congo, en Cote d'Ivoire et en Nouvelle
Calédonie avant de rejoindre Brest dans les années 1980. Au cours de
ses différentes affectations, il a eu l'occasion de travailler avec de
nombreuses personnes dont plusieurs sont actuellement membres du groupe
des Anciens de l'IRD
Jean
Claude sera inhumé à Plouha, sa commune de naissance et de résidence.
Une cérémonie religieuse aura lieu samedi 20 à 14h 30. J'y serai bien
sûr présent auprès de son épouse et de ses enfants.
Erwan Josse
Un
mentor bulldozer imaginatif avec sa verve si unique, s'en va. Très
sûrement l'initiateur de la recherche "thonière tropicale", un des
fleurons de l'Orstom. Toujours disponible, il a insufflé une
"dynamique" qui a perduré, et s'est amplifiée en diversifiant ses
approches. Avec son œil parfois goguenard souvent passionné il a
toujours accompagné tous ces chercheurs, ingénieurs et techniciens
qu'il a motivés constamment. Comme tous, je suis profondément
reconnaissant à Jean-Claude, qui restera dans ma mémoire admirative.
Patrice Cayré
Merci de transmettre à sa famille mes condoléances attristées.
Jean Nemo
Yves SECHAN (2021)
Christiane Rivière et moi, nous nous associons pour adresser à Hélène
et la famille Séchan, toutes nos condoléances pour la terrible nouvelle
du décès de Yves Séchan entomologiste médical ORSTOM-IRD survenue hier
semble-t-il. Nous connaissions Yves depuis notre affectation à
Bobo-Dioulasso en 1973, et j'ai travaillé avec lui donc au Burkina Faso
et en Côte d'Ivoire (1974) sur le programme Onchocercose : la bande
Séchan-Bernadou-Pendriez-Escaffre dirigée par René Leberre. Je me
rappelle surtout une panne de moteur de notre bateau sur la fleuve
Bandama loin de tout secours où, dévorés par les mouches tsé-tsé, il
fallait que je surveille l'humeur d'un troupeau d'hippopotames à côté
de nous pendant que Yves démontait et remontait avec succès le moteur!.
Puis nous nous sommes retrouvés en affectation à Tahiti où Yves avait
repris le flambeau des nonos "purutia" et des simulies des Marquises.
Ensemble nous avons fait des récoltes dans les toutes les rivières des
îles Marquises qui ont permis de décrire 11 espèces nouvelles pour la
science dont Simulium sechani et Simulium rivieri. Merci à lui de sa
bonne humeur et son dynamisme constants dans le travail comme dans
l'amitié. Qu'il repose en paix.
Marie-Noëlle FAVIER
Hommage à Yves Séchan par B. Philippon
J'ai appris avec beaucoup de tristesse la disparition d'Yves Séchan,
entomologiste médical, ancien technicien de recherche de l'ORSTOM. Il
est décédé le 29 juin à 78 ans, chez lui dans son Gers natal, au terme
d'une éprouvante maladie.
Je connaissais Yves depuis 1966, année de son arrivée à Bobo
Dioulasso (Burkina Faso, alors Haute-Volta) en qualité de Volontaire du
Service National.au Centre Muraz de l'OCCGE. Il avait
immédiatement rejoint l'"équipe onchocercose" de l'ORSTOM, qui , au
sein de l'OCCGE, sous la direction ô combien dynamique de René
Le Berre, menait des campagnes de lutte et
les recherches préparatoires au lancement du grand Programme de Lutte contre l'Onchocercose en Afrique de l'Ouest,.
Recruté ensuite sur place à l'ORSTOM, Yves a été à Bobo, jusqu'au
début des années 70, un des piliers de cette équipe (les
"entomologistes aux pieds mouillés" chers à René) ; lui et ses
collègues ont démontré la faisabilité de la lutte antivectorielle
contre l'onchocercose ; ils ont aussi rassemblé tambour battant
les données entomologiques de bases indispensables au lancement du
"Programme Oncho". Pour cela ils ont arpenté en toutes saisons,
en Land-Rover, voire en hélicoptère, mais surtout à pied et en
bateau, les cours d'eau des sept pays ouest-africains du futur
programme.
Yves avait ensuite effectué une mission de santé publique
de plusieurs mois aux Iles Marquises ; l'objectif en était
l'étude et le contrôle des "nonos noirs" (autres simulies
endémiques de là-bas) responsables d'insupportables piqûres sur les
plages marquisiennes. Mission extrêment physique et difficile à cause
du climat, du relief et de la mutitude des petits cours d'eau affecté.
François Rivière a rappelé la contribution de cette étude à la
connaissance taxonomique des simulies. Cette expérience polynésienne
devait être déterminante dans la carrière et la vie d'Yves
puisque c'est à Nuku Hiva qu'il a rencontré son épouse Hélène.
De retour des antipodes, en famille, Yves avait
retrouvé l'équipe onchocercose à Bouaké (Côte d'Ivoire), où elle
s'était transférée (au futur Institut Pierre Richet) hors du périmètre
des traitements antivectoriels du Programme Onchocercose, lancé en
1974. Ce centre avait la charge des recherches d'appui à ce
programme,dans les sept pays couverts. Yves avait alors repris
avec le même allant ses études sur l'entomologie de
l'onchocercose : la qualité de ses travaux et de ses résultats,
acquis dans tous les contextes épidémiologiques d'Afrique de l'Ouest,
lui a permis, à la fin de la décennie 1970, de soutenir une thèse de
doctorat sur la bio-écologie des vecteurs de l'onchocercose.
Nostalgique du Pacifique, Yves a ensuite été affecté et plusieurs fois
réaffecté à Papeete à l'Institut Mallardé de Tahiti. Outre les
nonos noirs et blancs des Marquises , il a travaillé surtout sur les
moustiques vecteurs de la filariose de Bancroft, - domaine dans lequel
il avait développé un partenariat avec le Comité Filarioses de
l'OMS -, mais aussi sur les autres vecteurs des îles.
Yves avait quitté la Polynésie à sa retraite pour se retirer
définitivement dans le Gers, dans sa maison familiale de
Saint-Aunix-Lengros.
Yves Séchan était un homme de terrain hors de pair, très adroit,
créatif,entreprenant, ingénieux, observateur, intrépide, dur à la peine
et dur au mal, jamais rebuté longtemps par l'adversité. Il savait
quasiment tout faire, et ce qu'il ne connaissait pas, il était
toujours prêt à l'apprendre. Sa formation initiale ne le prédisposait
en rien à la recherche, encore moins à l'entomologie médicale. Mais si
Yves s'épanouissait dans le "crapahut", grâce à sa minutie et son
exigence du travail bien fait, il excellait aussi dans les travaux de
laboratoire, même si le laboratoire était souvent une case en banco,
une paillote voire une toile de tente plantée près du marigot, ce qui
protégeait un peu du soleil mais pas du tout des piqûres de simulies et
mouches tsétsé et autres nuisances.
Toutes les personnes qui ont connu Yves dans la vie ou dans le travail,
en Afrique, en Polynésie et en Europe, ont été marquées par son immense
gentillesse et son incroyable disponibilité. Il était l'homme de qui ,
en toutes circonstances, on pouvait être sûr qu'il répondrait
présent. Avenant et de bonne humeur, discret et accommodant, mais
ferme sur ses convictions, il était en permanence attentif à autrui
.Jamais comptable de sa peine et de son temps pour venir en aide,
toujours prêt à prendre plus que sa part dans le partage des tâches
d'un groupe, il était disponible pour apporter son aide et son
soutien,même au détriment de ses propres activités voire de sa santé.
C'est un homme de coeur et de devoir qui nous a quittés. Que la terre du Gers lui soit légère.
Mes pensées vont vers son épouse Hélène et ses enfants Marie, Isabelle,
Taîna et Yohann, ses petits-enfants et toute sa famille, de France et
de Polynésie.
Bernard Philippon
Pierre DUBREUIL (2020)
Pierre Dubreuil, disparu le 22 novembre, laisse une œuvre protéiforme
et restera une figure marquante de l’hydrologie française, de la
gestion des ressources naturelles, des recherches en coopération dans
de nombreux pays, notamment le Brésil, de la recherche agronomique
internationale, de la direction d’institutions françaises et
internationales de recherche sans oublier ses engagements dans
l’enseignement supérieur et les grandes écoles et sa qualité de membre
éminent de l’Académie d’Agriculture.
Diplômé de l’INA-PG (promo 1949) et du Génie Rural, il fut assez tôt
recruté par l’Orstom et à ce titre, comme ses collègues, il
commença sa carrière en Afrique au Mali sur les réseaux de mesures
hydrologiques et le traitement (manuel) des données publiées sous forme
d’annuaires. En 1959 il intègre le Bureau central du Service
Hydrologique à Paris sous la direction de Jean Rodier. Il fera alors un
séjour au Brésil où il réalisera la Monographie du Jaguaribe (1968)
avec G. Girard et J. Herbaud, au sein de la SUDENE, ouvrage
majeur qui aura marqué le début de l’action de l’ORSTOM hors de son
champ d’action francophone traditionnel. Pendant cette période très
féconde il organise, de concert avec Marcel Roche, toute la science
hydrologique française (qui à l’époque n’est pas enseignée à
l’Université). Il publie de nombreux articles et ouvrages dont
l’indispensable « Initiation à l’analyse hydrologique » et le «
Recueil de données de base des bassins représentatifs et expérimentaux
; Années 1951-1969 ». Il multiplie ses interventions dans nombre de
colloques et symposiums ainsi que des activités d’enseignement. Après
le départ en retraite de Jean Rodier il sera président du Comité
technique d’hydrologie de l’Orstom.
En 1977, il est affecté à Brasilia comme représentant de l’Orstom, puis
du GERDAT (ancêtre du CIRAD) et de l’INRA pour toute l’Amérique
latine. Sous son impulsion les partenariats scientifiques prennent une
ampleur remarquable, c’est la grande époque des affectations d’équipes
pluridisciplinaires dans toute la région. Pierre Dubreuil y développe
tous ses talents; «homme méthodique, rationnel, au raisonnement
scientifique percutant, ses qualités intellectuelles étaient
remarquables et ses dons pour les langues étonnantes. Il pouvait
diriger à Brasilia une table de travail d’une vingtaine de personnes de
nationalités différentes passant du français à l’anglais, au portugais
et à l’espagnol sans une hésitation et sans problèmes de vocabulaire et
d’accent». Au passage il publiera un «Recueil quadrilingue de mots
usuels en hydrologie».
Il restera au Brésil jusqu’en 1984, date à laquelle il occupera à Paris
le poste de Directeur des Affaires internationales du CIRAD. A ce
poste, il développera les coopérations en Asie et avec les Centres
internationaux de recherche du CGIAR, ce qui l’amènera en fin de
carrière à exercer les fonctions de Président de l’ICRISAT (à
Hyderhabad, Inde) et d’administrateur de l’IITA (à Ibadan, Nigeria).
Il prend sa retraite de la fonction publique en 1996 et devient membre
de l’Académie d’Agriculture, dont il était déjà Correspondant depuis
1988. Il est également : Médaillé de l’Ordre National du Mérite,
Officier des Palmes Académiques, Commandeur du Mérite Agricole.
Parmi les témoignages et souvenirs qui nous sont parvenus à l’annonce de son décès retenons ceux-ci :
« Un esprit fin, une opinion juste, dite avec un demi sourire, ne se
laissant pas dominer par les raisonnements faciles. » «
J’ai la chance d’avoir eu Pierre comme enseignant à l’Engref, et
d’avoir travaillé avec lui en hydraulique agricole. Pierre était d’une
grande qualité humaine et professionnelle, avec une large envergure
au-delà de ses compétences académiques.» « Pierre Dubreuil m’a beaucoup
appris; impressionnant par sa rapidité et son esprit de synthèse. Il
avait souvent une longueur d'avance en se posant avant toute décision
la question "A quoi ça va nous servir?"». « La disparition de Pierre
Dubreuil est également douloureusement ressentie par de nombreux
Pédologues à qui il a laissé des écrits d'une grande clarté permettant
d'accorder nos violons lorsque nos thèmes de recherches
s'interpénétraient. J'ajouterai que mes contacts avec lui furent
toujours cordiaux et constructifs ce que sa "rigidité " ne laissait pas
toujours supposer ! Je salue donc autant l'Homme que le Chercheur qui,
comme M. Roche d'ailleurs, fut un des grands co-constructeurs de notre
Institut en facilitant les relations inter-thèmes que l'évolution de
nos programmes rendait urgentes. »
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